Indicateur Ichimoku : fonctionnement et utilisation dans le trading

Ichimoku : Article publié dans le magazine Traders by Rankia
Ceci est le premier article d’une série de trois consacrés à l’un des indicateurs techniques les plus ingénieux, mystérieux et élégants dans sa construction. Il est resté caché aux analystes financiers de l’Occident pendant de nombreuses décennies ; l’Ichimoku.

Avec cette série, nous pourrons aller en profondeur dans chacun de ses éléments qui pourraient sembler très confus pour l’œil non entraîné. J’expliquerai son utilisation dans le trading et vous donnerez mon interprétation.
Le premier article de la série se concentre sur l’origine et la construction de tous ses éléments. Le deuxième article traitera l’interprétation de tous les éléments d’Ichimoku. Le troisième et dernier article sera consacré à l’explication d’une stratégie de trading robuste et simple basée sur l’Ichimoku, que j’appelle “The Japanese Cloud”.

Origine de l’Ichimoku
Goichi Hosoda (1898-1982) était un célèbre journaliste financier japonais. Dans les années 30, il a acquis une grande popularité pour la précision et la prédiction de ses analyses sur l’évolution du marché financier japonais.
Bien qu’il ait commencé comme journaliste, il est devenu un expert financier reconnu dans son pays.
En 1932, il réunit un groupe de sept étudiants universitaires auxquels il fait signer un contrat de confidentialité. Il leur demande de mener des recherches sur un indicateur qu’il était en train de développer. Rappelons que tout cela se produit bien avant le développement de l’ordinateur personnel. Ainsi, toutes les recherches qu’ils effectuaient devaient suivre un processus rigoureux manuel, d’essais et d’erreurs qui leur a pris plusieurs années de travail intense et secret.
Il faut souligner que le grand développement des indicateurs techniques en Occident n’a pas commencé avant la diffusion de l’utilisation des ordinateurs personnels. Il était possible de concevoir et d’étudier de manière relativement facile n’importe quel indicateur. Nous pouvons donc dire que dès les années 30 au Japon, ils ont commencé à concevoir les premiers indicateurs techniques à travers l’Ichimoku. Ils y ont parvenu en effectuant des processus d’optimisation et de validation complètement manuels.
La publication des premières recherches
En 1935, Hosoda commence à publier les premières conclusions de ses recherches. Il a signé les articles sous le pseudonyme “Ichimoku Sanjin” (ce que l’homme voit de la montagne) qui finira par définir le nom de l’indicateur.
Pendant des décennies, il publie ses prédictions dans les médias financiers avec beaucoup de succès. Et ce n’est seulement qu’en 1950 qu’il révèle à un groupe d’amis le secret de son outil d’analyse. Cependant, il leur a demandé de garder le secret au moins pendant dix ans de plus.
En 1968, Hosoda a publié un traité de sept volumes sur l’utilisation de cet indicateur. Cependant, il a été resté caché pour le reste du monde occidental. A l’époque, il n’y avait aucun partage des connaissances et de l’information académique entre les analystes du Japon et le reste du monde.
Au début des années 80 et avec le grand développement de la banque japonaise dans le monde entier, les premiers échanges d’informations entre analystes d’Orient et d’Occident ont commencé. C’est ainsi que nous sommes arrivés à ce mystérieux indicateur ainsi qu’au système de graphique des bougies japonaises.

Qu’est-ce que l’Ichimoku ?
Ichimoku est un indicateur technique tendanciel qui contient cinq éléments. De son nom complet Ichimoku Kiko Hyo, il se traduit par « équilibre d’un graphique d’un coup d’œil ». Il a un aspect et une forme très similaires aux moyennes mobiles occidentales. Ces dernières sont généralement tracées sur le graphique des prix des bougies japonaises.
Contrairement aux moyennes mobiles traditionnelles, les éléments de l’Ichimoku utilisent le point médian d’une plage antérieure. Cela le rend particulièrement utile pour les marchés sans fermeture quotidienne, comme le forex ou de nombreux CFD.
En ce qui concerne les cinq éléments, on distingue :
- Le Tenkam
- Le Kijun
- Le Senkou Span A
- Le Senkou Span B
- Le Chikou
Les deux Senkous forment ce qu’on appelle « nuage » ou Kumo, ce qui donne à l’indicateur son aspect si caractéristique.
Certains de ses éléments sont tracés en retard ou en avance. Cela donne à l’indicateur des caractéristiques très intéressantes que nous dévoilerons lorsque nous les décomposerons séparément. Avancer ou retarder est une solution très élégante et pratique de Hosoda pour lui donner une capacité prédictive.
Lorsqu’ils sont tracés tous ensemble, ses éléments peuvent sembler un vrai gâchis pour le trader moins entraîné. Cependant, en connaissant la façon dont chacun d’entre eux est construit et interprété, il offre beaucoup de polyvalence dans l’analyse. Il nous permet d’analyser différents états du marché d’un seul coup d’œil.
Éléments de l’Ichimoku
Le Tenkam
Le Tenkam est le point médian des 9 dernières bougies ou périodes, ou ce qui revient au même, le niveau de Fibonacci de 50% pour cette période. Il s’agit d’un concept très utilisé en Occident et avec un fort composant psychologique. C’est également le point de retour en raison de sa proximité avec le prix.
Le Tenkam est tracé sous forme de ligne et son aspect et son interprétation sont très similaires à ceux d’une moyenne mobile rapide.
Hosoda ne précise pas clairement dans ses traités pourquoi il opte pour les 9 périodes pour le Tenkam. Cependant, tout semble indiquer qu’ils sont arrivés à ce chiffre par essais et erreurs lors de leurs recherches.

Le Kijun
Très similaire au Tenkam, le Kijun est tracé sur les 26 dernières périodes au lieu d’être tracé sur 9 périodes. Par conséquent, il représente également la moitié de l’avance (50%) des 26 derniers jours ou périodes.
Dans ce cas, il y a une explication plus claire de la raison pour la quelle il a choisi les 26 périodes. En effet, la bourse japonaise était ouverte 6 jours par semaine avant la Seconde Guerre mondiale, ce qui équivaut à 26 jours par mois.
Ainsi, le Kijun représente le point médian de la cotation du dernier mois ouvrable de l’époque. Mais en réalité, c’est quelque chose de très similaire à ce qui se passe aujourd’hui avec les marchés 24h qui, pratiquement, ferment uniquement le samedi.

Le Senkou Span A
C’est le premier des deux éléments qui composent le nuage, ou « kumo », l’élément le plus caractéristique de cet indicateur.
Le Senkou Span A est le point médian entre le Tenkam et le Kijun. Autrement dit, c’est le point médian des points intermédiaires de 9 et 26 périodes. On pourrait le considérer comme une moyenne mobile pondérée de ces deux périodes.
Mais l’une des génialités de l’Ichimoku, c’est que le tracé des deux éléments du nuage sont projetés en avant 26 périodes. De cette façon, on tente de doter l’indicateur de qualités prédictives.

Le Senkou Span B
Le Senkou Span B est l’autre élément du nuage et c’est le prix moyen des 52 derniers jours. Autrement dit, c’est l’équivalent de deux mois de cotations sur le marché de l’époque ou sur les marchés 24 h d’aujourd’hui. Bien évidemment, il est projeté vers l’avant 26 périodes.
Comme il prend en compte une période de temps si longue, il est fréquent qu’il y ait un certain temps avec un aspect plat. Cela est valable jusqu’à ce que de nouveaux sommets ou creux dépassent ceux des deux derniers mois.

Chikou
C’est le dernier élément qui compose l’Ichimoku. Il se caractérise par une conception à la fois simple et ingénieuse. Ce n’est rien de plus que le graphique des lignes du prix de clôture, mais qui est retardé de 26 périodes.
Bien qu’au départ, il puisse sembler inutile de tracer le graphique des lignes, je vous expliquerai dans le deuxième article de cette série l’utilisation de chaque élément. Vous verrez qu’il pourra être très utile pour détecter les supports et les résistances.


Conclusion
Voilà l’origine et les éléments qui composent l’Ichimoku, dont la conception est restée inchangée au fil des décennies.
Grâce à tous ces éléments et aux graphiques, et en se concentrant sur l’un d’entre eux en fonction du cadre temporel à analyser, nous pourrons effectuer de nombreuses analyses des prix à court et à long terme. Nous pourrons également détecter des supports et des résistances cachés d’une manière visuelle et rapide.
Malgré sa complexité apparente, de nombreux analystes institutionnels utilisent aujourd’hui l’Ichimoku car il s’agit d’un outil très polyvalent et complet. Cependant, il peut être également utilisé par les traders pour concevoir nos systèmes de trading.
Dans les prochains articles, nous entrerons en profondeur dans son interprétation et son application dans un système de trading que j’ai testé en profondeur. Nous verrons qu’il ne s’agit pas d’un indicateur aussi compliqué qu’il n’y paraît à première vue.